L’association Tapama fut créée en 1992, par 2 expatriés [ tous deux surnommés Albert : 1er pour l’aîné, 2nd pour le cadet ], style Ingénieurs Arts & Métiers, donc du genre pragmatiques, concrets et bosseurs, travaillant à Energie du Mali [EDM] sur des projets financés par la Banque Mondiale. Albert 1er pilote le projet de réalisation de la ligne de 220 000 Volts allant de Bamako à Ségou; Albert 2 dirige l’informatique de l’entreprise, tous deux choisis et financés par La Banque Mondiale .. Rien que du concret… Peu enthousiastes pour les samedis soirs entre expatriés à refaire le monde et revenir au temps de la colonisation, les 2  Albert  préféraient partir le vendredi soir en brousse, au hasard,  avec leur véhicule 4×4 Mitsubishi-Pajéro équipé pour le ouikaine [ ce sont aussi des adeptes du  “Canard Enchaîné”  ] :

  • ” Bon, Albert 1er,  on prend la route de Ségou aujourd’hui .??
  • OK .. Albert 2  …
  • et on fait combien .. 78 km ..?
  • ..OK …
  • on prendra à gauche ensuite ..?
  • ..non, à droite,
  • ha bon .. ..d’accord  .. et après  .??
  • on verra bien ..
  • OK .. C’est parti ..”
  • C’est ainsi que les 2 compères sont arrivés dans des villages, au hasard. Nous dormions à même le sol, au plus loin des pintades qui nous cassaient les oreilles.  Parfois, nous posions nos lits de camps à 15 m l’un de l’autre : Albert 1er le fusil chargé, et Albert 2 les torches prêtes à chercher au loin les yeux d’un animal en vadrouille .. oublions les serpents ..Tous les deux chassions, l’un le gibier, l’autre les images. Un jour, nous arrivons dans un hameau qui se nomme Sébénikoro, constitué de 1 ou 2 familles, à peine 30 personnes. Ce sont des Peulhs. Ils n’ont rien. ( voyez l’image ci-dessus .. c’était leur hameau le jour de notre arrivée..) .. Leurs cases sont maigrichonnes. On y reviendra plusieurs fois. On aime bien ces gens. C’est comme ça.  Ils ont eu 14 enfants dont 6 sont morts, à cause de la mauvaise eau pourrie …

Le marigot de Sébénikoro  … Maryam, prenait l’eau là-dedans .. horrible ..!!..

  • “Évidemment qu’ils meurent ..!!.. t’as vu leur eau pourrie dans le marigot ..?..
  •  .. huummm ..??.. pas génial ..
  • si, c’est là que Mariam prend l’eau ..pour tout ..
  • t’as raison Albert, c’est dégueulasse ..!!.. on peut pas les laisser continuer comme ça ..!!.. on fait quoi ..?
  • et si on allait chercher un puisatier … au village d’à côté, parait qu’il y en a un ..
  • OK .. C’est parti ..“.

          Au travail ..!!..  A Bamako, nous préparons un potelet de 3 bouts de fer soudé, une poulie magnifique trouvée à Dibida (le grand marché de Bamako où l’on trouve tout pour bricoler), un bidon métallique de 100 litres, des bouts de fer, un sac de ciment, .. etc ..    Ceci se passait fin 1992-début 1993. 

Notre potelet est déjà prêt …le puisatier creuse … 

Dis-donc toi, t’aurais pas piqué mon short ..??..”

      Le puisatier a des consignes, et une bonne somme  d’avance pour paiement du travail. Le ouikaine d’après, le puits est creusé.                

– ” OK .. c’est bon, on s’occupe du reste ..!!..”            

Peu de temps après,  nous retournons à Sébénikoro, et nous posons le potelet sur le puits, avec rebord en ciment pour ne pas que les déchets du sol aillent dans le puits pour gâter l’eau ( au Mali, “gâter”, c’est  “détériorer”, ou “pourrir” .. ), notre morceau de bidon avec son couvercle bricolé … les villageois sont heureux, ce sera de la bonne eau, à deux pas de la maison.

Et voilà  le  travail … on applaudit .. merci .. merci ..

Nota : les 2 photos ci-dessus datent de 2006 .. soit plus de 12 ans de vie pour notre puits .. il est toujours vivant .. En 2018, il était encore vivant .. depuis 1992,  ils ont changé 4 fois de poulie, ou 5, j’ai oublié … il n’a jamais été souillé, même pas en période de pluie ...     

  Le coût du chantier ..?  environ 150 000 F-CFA, soit 250 €, à l’époque ( Le F-CFA sera dévalué de 50 % en 1994 ) .  De notre poche bien sûr,  notre ONG Tapama n’existait pas encore : elle faisait ses premiers pas in situ. Ce fut notre premier vrai projet, à 2.

D’habitude, pour faire un puits, les “z’experts de la coopération internationale décentralisée”  coulent une dalle de béton de 3 tonnes, avec pompe à bras, crépine et tuyau en fer qui rouillent en quelques années, et … c’est fini .. plus de puits, ni pompe, ni rien … non réparable.. et ça coûte 10 fois plus cher au départ .. vous avez dit 20 fois,.?? c’est possible, on ne sait pas parce qu’on n’en veut pas .. Au cours de nos balades, on a tellement vu de puits avec dalle et pompe à bras, totalement abandonnés, qu’on n’en veut pas ..

Les conséquences de ce tout petit puits ..?

  • de l’eau propre en permanence.
  • Plus besoin de bois pour faire bouillir l’eau du marigot .. corvée de bois et déforestation divisée par 2.
  • Donc beaucoup moins de maladies.
  • La famille, Peuhle, donc de nature itinérante, se sédentarise.
  • donc les enfants vont à l’école..
  • donc ils ont accès au dispensaire et vaccins à 7 km … etc …
  • puis le hameau  a grandi, puis a grandi encore. Il est devenu un village, avec son chef de village… etc ..
  • Nous avons l’impression d’aider, pas de civiliser avec nos habitudes occidentales : nous participons à leurs minimas de vie .. nous ne les occidentalisons pas ..
  • Ami lecteur, vous comprenez donc aisément notre devise :  
  • aidez-nous à les aider.. chez eux ” ..
  • Notre  seconde devise dit :  ” Avec rien faisons tout ” … car l’eau, c’est la vie ..  ils ne veulent quitter ni leur famille, ni leur village, ni leur environnement, ni leur “pays”, sauf s’ils en étaient contraints par temps de guerre …

        CONCLUSION : Un  tout  petit  puits, et la vie quotidienne d’une population qui change considérablement, et immédiatement.       

       Et c’est ainsi que notre association Tapama est née, qu’elle a géré ensuite quelques autres petits projets, puis d’autres dans plusieurs villages, tout par pragmatisme et donc  efficacité, par hasard de rencontres amicales avec des gens adorables.      

Puis viendra le besoin de déposer les statuts d’une association, etc …         

Devenue ONG avec l’agrément attribué par les autorités maliennes, aujourd’hui ( en 2023 ) ,  nous aidons environ 40 villages, pour une population d’environ 40 000 personnes, et aussi les services de santé des armées, etc ..       

Progressivement, nous nous centrons sur le pays Dogon. Parce qu’on a adoré cette région ..qu’on ne peut pas tout faire, aider tous les villages .. et donc on choisit, notamment les villages qui s’aident eux-mêmes en priorité .. qui sont en plus très sympas, bien plus que ceux qui veulent qu’on leur apporte tout dans la bouche …

Quelques exemples de petits projets concrets ::

  • avec 100 € : vous financez un pousse-pousse (à 2 roues) pour porter 6  bidons d’une vingtaine de litres d’eau ( ce qui réduit considérablement la corvée d’eau des femmes, et leur évite la corvée aux heures très chaudes, le portage sur la tête, … ), …[ voyez notre page sur YouTube “jour de fête à Bandiagara” ]
  • avec 500 € : vous financez les fournitures scolaires, pour une année, pour les 6 classes d’une école primaire, dans un village de 250-300 enfants, …
  • avec 1 000 € : vous financez tous les colis de médicaments essentiels pour les 8 villages affiliés Tapama disposant d’un centre de santé, …
  • avec 2 500 € : vous financez un logement en terre pour une famille de 4 à 6 personnes,
  • avec 3 500 € :  une moto-ambulance pour un centre de santé (ce qui est nettement mieux que la charrette avec âne qui arrive parfois trop tard ..), …
  • etc …

Notre site va vous montrer de nombreux projets réalisés. On vous attend pour y prendre part …  … et  nous cherchons  bien sûr des bénévoles  .. A bientôt de vous compter parmi nous, pas loin du Mont Saint Michel ..