Mon village … Massonkolon

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Depuis des années que je vous parle du Mali, de Tapama et de ses activités ici et là, je viens enfin vous parler de mon village, celui qui m’a adopté depuis 1991, sans que je n’en sache rien.

  • En octobre 1991, je viens au Mali pour une mission financée par la Banque Mondiale : je dois remettre en état l’Informatique de Énergie Du Mali ( EDM), l’équivalent de EDF  au  Mali  (EDF est actionnaire à 15 % de son « petit frère »..)
  • J’hérite d’une superbe maison dans un quartier sécurié, d’une voiture, et d’un gardien, qui deviendra mon ami et mon ange gardien, jusqu’à aujourd’hui.  Il se nomme Fantamadi SOUARE.
  • Depuis cette date, tous mes faits et gestes, sans que j’en sache rien, seront connus de son village : Mansonkolon, à l’Ouest du Mali, entre Manantali (avec son lac et immense barrage)  et  Bafoulabé, où convergent 2 fleuves, le Baffing et le Bakoye, qui, dès lors, changent de nom, et deviennent le fleuve Sénégal. On ne discute pas si c’est Bakoye et Baffing qui est majoritaire …
  • Je suis donc heureux de vous présenter  « mon  village d’adoption » :  MANSONKOLON …où je ne suis venu pour la première fois qu’en 2009. Il faut dire que c’est à 400 km de Bamako, et que les routes ne sont à peu près carrossables que depuis très peu de temps .. excepté  Timbaga à Manantali qui reste effroyablement insupportable sur 100 km .. le reste et « correct » …

Commençons par les femmes

  • d’abord,  la présidente des femmes ( ou musokontigi ), la 7ème femme en partant de la gauche ,  avec son grand foulard blanc sur les épaules, sa tête et le buste (elle n’aime pas être photographiée), Mme  TRAORE.
  • Son adjointe, Mme Sadio SOUARE, la seconde en partant de la droite, est récemment décédée .
  • Ma soeur, Sakalé ( parce que née dans la branche de Massaré, le chef de la famille de mon ange gardien Fantamadi à qui je suis « affecté »  ) , est la 4ème en partant de la droite.

 

….  poursuivons  par les hommes …

ceux constituant alors le Conseil de Village, ou Conseil des Sages ou des Anciens.

je vous parlerai d’eux au fur et à mesure  … ( la photo date de 2009  … j’écris ces lignes le 22 février 2023…)

  • d’abord,  le chef de Village (dugutigi) : le 3ème en partant de la gauche, avec sa tenue blanche et son écharpe rouge autour du cou : Abdoulaye SOUARE, aujourd’hui  décédé .. il fut remplacé par le Numéro 2 d’alors, son adjoint, aveugle, assis à sa gauche ce jour-là, avec tenue et bonnet  marrons; lui aussi décédé depuis.
  • L’actuel chef de village (en 2023) , est au milieu de la photo, en tenue sombre et bonnet blanc, avec barbichette, les jambes croisées, Mr Sakuba SOUARE. Ce jour-là, il était le numéro 3 du village.
  • puis  Fantamadi SOUARE  ( mon ange-gardien ) …assis à droite, avec son pantalon rouge et sa chemise à rayures de couleurs.
  • A droite de Fantamadi, Massaré  SOUARE, en grand boubou blanc, le grand-frère et chef de famille de cette branche des SOUARE, mais mon petit frère, car plus jeune que moi. Ce jour-là, Massaré était  le numéro 5 du village.
  • On dit que j’étais le numéro 4. [ Le classement se fait automatiquement en fonction de la date de naissance. Le plus ancien est automatiquement le chef de village. Ainsi, chaque famille a la même chance d’avoir un de ses membres désigné chef de village un jour. Donc justice, fraternité, loyauté, etc … sont des valeurs banales ...on ne peut procéder autrement … ]; ce jour-là, le village m’a fait part de leur décision unanime de me nommer  Salim SOUARE … du nom du saint inhumé dans le village d’à côté, Diakhaba .. ça ne se discute pas … mais je n’ai su qu’à mon retour à Bamako que l’on m’avait baptisé du nom de ce saint .. pas terrible pour un athée ..
    • ce saint est visité en pèlerinage chaque année à la date anniversaire de la naissance et du baptême du prophète Mahomet. On vient à Diakhaba du monde entier. Le village de 2000 habitants possède une mosquée toute neuve de 5000 places financée par l’Arabie Saoudite .. avec les routes et l’électricité qui vont avec … hé oui, le saint local Salim SOUARE est  leur  « Saint Michel local« , qui fait gagner des sous par le tourisme ..
  • A la droite de Massaré, mon autre petit frère  Kéba  SOUARE, se cache derrière le poteau avec son bonnet blanc, et tourne la tête à l’objectif.
  • à droite de Kéba,  Falaïe  SOUARE, souvent hébergé chez moi à Bamako pour des soins hospitaliers.
  • ensuite, j’ai oublié leurs noms et prénoms …
  • C’est dans ce village que nous avons réalisé l’escalier au bord du fleuve, ainsi que le lavoir à niveaux, et que nous avons éradiqué le port de l’eau sur la tête en finançant 7 pousse-pousse en 2012, 13 et 14.

PS : la photo de « une » , prise dans l’escalier en cours de fabrication, montre 4 personnes :

  • à droite, au fond, chemise rose, notre chef maçon ( personne locale, dont je n’ai plus son nom); il dirige les maçons, tailleurs de pierre, préparateurs du béton, etc … . 
  • En chemise grise, Fantamadi SOUARE, mon « ange-gardien ». 
  • En maillot noir : Abdoulaye TRAORE, venu d’un village près de Bamako, seulement pour notre chantier en cours, car il est le chef de chantier de tous les chantiers de Tapama au Mali. Il a la main sur tout le chantier, dont les maçons et leur chef, mais aussi les fournisseurs de sable, de bois, l’heure des repas, … c’est le boss …  bien que mesurant 1,55 m pour 50 kg,  mais une tête très bien faite, et adorable .. lettré évidemment (c’est le seul).
  • Puis votre serviteur ,  Jacquy PRUDOR  en maillot orange Tapama :   simple ouvrier au service du boss  … ou architecte  du  chantier  … ou  adjoint au chef de village   …selon les circonstances.
  • je reviens bientôt pour vous raconter la suite ..  Jacquy PRUDOR, dit Salim SOUARE.